Opinion

Avec une simplicité et une justesse de ton magnifiques, A l’air libre est un film-témoignage unique et d’une grande force. Il nous ouvre les yeux et nous concerne tous. Les détenus « en placement extérieur » parlent sobrement de leurs échecs et de leurs vies souvent brisées mais aussi de leur désir de remonter la pente, de se reconstruire, « pour nous-mêmes et pour la société », comme le dit l’un d’entre eux, « car si on ne prépare pas l’après prison, on court tout droit à la récidive ».

C’est ici que se noue l’objectif de réinsertion / réintégration de la peine dont on voit dans le film le récit d’une expérience concrète, menée avec beaucoup de lucidité et de sensibilité, d’intelligence et de fermeté. A un moment donné, un encadrant a cette réflexion tellement juste : ce qui se passe ici est une « utopie réalisée ». Comme le dit P. Ricœur, « à une époque où tout est bloqué par des systèmes qui ont échoué mais qui ne peuvent être vaincus, l’utopie est notre ressource »1. Les utopies nous donnent le droit de penser l’aveniret de le penser autrement.

Merci à la ferme de Moyembrie. Merci de nous réapprendre le sens de la liberté.

Françoise Tulkens (Ancienne Vice-présidente de la Cour européenne des droits de l’homme)