Opinion

A l’air libre n’est pas un film sur la prison. A l’air libre n’est même pas vraiment un film sur la sortie de la détention, sur les stigmates d’une vie enfermée ? C'est un film sur des hommes au parcours chaotique qui ont trouvé à la Ferme un lieu de reconstruction. Sur celles et ceux qui les accompagnent, celles et ceux qui acceptent de ne pas réduire l’autre à un acte délinquant ou criminel quel qu’il soit, lui donnant l’opportunité de montrer que la prison ne lui a pas fait perdre son humanité, même si l’organisation/institution pénitentiaire conduit à tant de déshumanisation.

Malgré les coups de gueule, les doutes et les peurs de ces hommes qui ont connu l’enfermement, leur souvenir d’un quotidien fait de bruit (des clés qui s’entrechoquent aux œilletons qui claquent, des cris du fond du trou à la violence de l’ordinaire), ce beau film démontre que leur vie peut se reconstruire dans le regard de l’autre, dans la confiance dans ses capacités, avec en toile de fond les champs et le ciel ouvert s’opposant aux murs hauts et aux concertinas, tandis que sifflent les oiseaux. La sortie de prison est souvent idéalisée, fantasmée ; elle est ici accompagnée, adaptée aux besoins de chacun pour préparer au mieux un retour à la liberté.

A l’air libre est un film émouvant et optimiste sur une « utopie réalisée » qui ne doit pas restée isolée, sur une ferme de placement extérieur à destination de ceux qui ont tout perdu, pour réapprendre à être soi, pour réapprendre à être libre.

Une « utopie réalisée », le courage de faire autrement, le courage de faire mieux.

Delphine Boesel (Présidente de la Section française de l'Observatoire international des prisons)