Critique presse

Le 31/03/2017

Une homme arrose ses semis, un autre jette du grain aux poules, le troisième, bras tatoués, charlotte sur la tête, moule des fromages. Le documentaire A l'air libre donne la parole aux « résidents » de la ferme de Moyembrie. Nichée au fond d'une vallée en Picardie, cette ferme accueille une vingtaine de détenus en fin de peine quels que soient le motif d'incarcération et sa durée, à condition qu'ils manifestent un vrai désir de s'en sortir. « T'es libre, mais rien à voir avec la prison, ici, t'as 20 hectares, tu peux bouger ! » témoigne Jean-Luc en caressant sa chèvre qui, elle aussi, se promène sans laisse. « En prison, c'est pas le même genre d'oiseau que tu entends », ironise Daniel en replantant des courgettes. Moyembrie constitue un sas salutaire entre la détention et l vie en liberté « trop compliquée » quand rien n'attend les ex-taulard sauf le 115. Ils y réapprennent la vie communauté, les repas partagés, les courses au village – toujours en compagnie des « encadrants » à qui le film donne également la parole. A travers ces tranches de vies cabossées racontées avec une singulière authenticité, on saisit les moments de bascule (la mort d'un proche, le chômage, l'alcool...) et ce qui les motive à saisir leur chance (une femme, un enfant...). Ce documentaire passionnant relate une expérience unique et fragile qui donne à réfléchir sur les alternatives à lenfermement

Source : La Chronique d'Amnesty international